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revue - Page 48

  • N°16 - Editorial "Bye bye Bruxelles"

    Victoire. Châtiment. Vide.
    La victoire du Non est un vrai traumatisme pour les institutions européennes. Leur désolation quasi-biblique encouragerait à dire : « ils ont été châtiés ceux qui n’avaient pas mis leur confiance dans le peuple mais se reposaient sur l’iniquité, la force et l’argent (quatre cent millions d’euros de propagande gouvernementale…). Gémissant contre le sort qui les accable, impénitents, ils ne veulent pas entendre la voix qui a parlé ni comprendre le message qui leur a medium_ref_non.jpgété adressé ». Le vide s’est ouvert sous leurs pieds : ils se comportent comme le coyote du dessin animé, continuant dans le vide, animés par leur seule logique : « une seule chose est sûre, on ne les consultera plus d’ici longtemps ! »
    Politique. Économie. Fruits.
    Il ne suffit pas qu’une majorité se dégage pour qu’elle ait une signification sûre, mais le Non dessine en creux les contours d’un possible sens politique. Plus nébuleux encore que le camp du Oui, celui du Non a entremêlé quantité d’inquiétudes, de reproches et de raisons. Ce qui a été pressenti, au-delà des catégories politiques, c’est une dépossession sociale, politique ou nationale, celle que nous n’avons pas cessé de dénoncer depuis 1991. Le Non ne reflète sans doute que très partiellement la réamorce d’un vouloir national. Du moins témoigne-t-il diversement d’un esprit public, d’un attachement au rôle de l’État, d’une méfiance envers la barbarie qu’abrite l’économie moderne. Au vrai, c’est peut-être moins l’économie moderne qui est à dénoncer que l’ordre politique contemporain, réellement barbare puisque tout entier tourné, au niveau mondial, au service du plus fort, l’économie libérale sans frein ayant été le moyen d’asservissement. Fructueux terrain d’études pour Les Epées.
    Alternative. Extérieur. Direction.
    Les politiques ont joué l’Europe soit parce qu’ils ne croient pas à la France, soit parce qu’ils désespèrent des Français, incapables d’accepter de nécessaires réformes ; les Français ne veulent plus de l’Europe soit parce qu’elle ne leur a pas apporté ce qu’ils souhaitent, soit parce qu’ils désespèrent des politiques, incapables de faire passer les nécessaires réformes. On voit par là que le Non n’a pas résolu toutes les difficultés. Et que les mots “politique extérieure” sont en train de prendre un sens nouveau, propre à notre siècle.
    Il ne suffit donc pas de rejeter une conception erronée de l’Union européenne. Il faut encore avoir la volonté de reconstruire la France à partir d’elle-même, et lui redonner une direction politique véritable, sous peine de s’écrouler dans l’amorphisme qui la mine.

     

    Les Épées
  • N°15 - Editorial "NON"

    Les imposteurs ont la vie belle. Pendant des années on aura subi le règne du nouveau philosophe français, BHL, aujourd’hui laminé par Philippe Cohen et des commentateurs enfin décidés à dégonfler la baudruche. Mais il a aujourd’hui un successeur : Michel Onfray, l’expert en hédonisme mou et en niaises turpitudes : même arrogance, medium_onfray.jpgmême bluff, mêmes manières de petit marquis parisien donnant la leçon à Platon et Saint-Augustin…

    Heureusement, le ministre de l’Éducation nationale déplore le sort (catastrophique) de l’orthographe des petits Français ; mais il ne change rien dans la formation des professeurs des écoles, et renforce à peine les programmes de grammaire au collège. Il faut avouer que, du côté des adultes, on ne fait pas tout pour montrer l’exemple : il n’est que d’entendre la plupart des radios dans le vent, de prêter attention au sabir qui se pratique à la télévision, ou d’entendre les socialistes évoquer la députée… Là encore, c’est la langue de la démocratie.

    Les amnésiques se satisferont du moins d’un bonne nouvelle : désormais, grâce au fameux « bloc » des connaissances prévu pour les classes de collège, l’histoire devient une matière optionnelle. La haine du passé (surtout national) est en revanche obligatoire. On le voit particulièrement à l’égard des événements du début du siècle : trente ans de persécution antichrétienne (et plus largement, antireligieuse) ont précédé une séparation de l’Église et de l’État effectuée sans négociation, et ces événements sont évidemment écartés des programmes officiels. En France, on ne doit pas dire que la République est née dans la Terreur et dans la persécution des catholiques – seulement 95% du peuple français en 1880, selon Jean Sévillia.

    Aujourd’hui, la « République » n’est d’ailleurs plus rien du tout : une ombre historique, un résidu de principe, un procès perpétuel à la vie nationale, un rouage de l’intégration eurocratique. Elle n’a rien pour attirer la confiance, encore moins pour susciter l’amour. Ses hommes politiques cherchent d’une manière ou d’une autre à vider la nation de toute son existence, et à faire de chacun un atome à la fois abruti et disponible pour le marché. Et comme le notait Gustave Thibon, le conformisme a changé de camp, « il est passé du côté de la négation des valeurs spirituelles et morales qui ont fait notre civilisation ».


    Les Épées