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  • N°8 - Editorial "Du nouveau chez les réacs"

    Le pouvoir américain avait misé sur une guerre expéditive, facilitée par des soulèvements populaires et des alliés nombreux. Il se sera enlisé dans un conflit plus long que prévu, pour découvrir les ressorts du vieux patriotisme irakien. Pour la première fois, la France, la Russie, l’Allemagne et la Chine se sont solidarisées dans un non diplomatique à l'hyperpuissance mondiale. Face à une guerre très mal justifiée, l’hypothèse d’une politique étrangère de l’U.E. est devenue plus dérisoire que jamais.

    Ni pacifistes, ni bellicistes, nous voyons avec tristesse l’horreur subie par un peuple harrassé par douze ans d’embargo, medium_villepin.jpgdes prémisses de guerre civile, la morgue du consortium Bush et l’humiliation des Américains les plus lucides. Les collusions économiques du clan de la Maison Blanche éclatent au grand jour*, mais émeuvent surtout les Européens. L’arrière-plan politique et religieux de la guerre américaine est plus complexe à cerner – Les Épées y reviendront dans le prochain numéro.

    Depuis le 20 mars dernier, les Français se rangent quasi unanimement derrière la position officielle de leur pays : qu’importent les ambiguïtés de celle-ci, une “monarchie de la guerre”, en conjonction avec les justes appels du Pape, s’est instaurée au plus noble de leurs sentiments. Peu d’occasions produisent une telle unanimité. Dans un contexte de feu, de fer et de sang, et quoiqu’il ne nous console pas de la sombre tragédie du Proche-Orient, un tel fait mérite de s’inscrire dans notre souci de la France.

     

    Les Épées


     

    * Eric Laurent : La guerre des Bush, Plon.

  • N°7 - Editorial "Mort de la trahison"

    Devant l’affadissement du vocabulaire politique, Léo strauss préconisait le retour aux vocables issus des grands textes grecs, ceux d’un Aristote et d’un Xénophon par exemple. Les Épées peuvent bien, à leur façon, servir ce bel objet. Prenons le mot “trahison”. Il retentit tout d’un coup, renvoit à l’image du traître lui-même, à l’infamie et au châtiment qui le va bientôt frapper. Il fut un temps où la chasse aux sorcières équivalait à la chasse au traître ; où trahir sa classe, son Parti entraînait une mort certaine. L’ombre des traîtres hante littéralement la littérature, elle envahit le théâtre de Shakespeare, où le monde paraît se renverser plusieurs fois. medium_pipe.jpgAujourd’hui, au contraire, l’usage de ce mot tend à se perdre. Redoutable, il relève surtout de la polémique, écrasé qu’il est par l’interchangeabilité des valeurs, la subjectivité des points de vue et l’indécision des situations.

    Réfléchir sur la trahison conduit malgré tout à s’interroger sur l’essence même du lien politique. Dans cette notion se révèle en effet la dimension tragique de l’existence des hommes ; pour Boutang, elle signifie « qu’il est d’essence originelle de l’homme d’être engagé à sa communauté réelle, et de subordonner toute opinion et tout système de valeurs, si bien fondés qu’ils soient, lorsqu’il s’agit de cette communauté ». Une telle réflexion paraît d’autant plus nécessaire lorsqu’une camarilla de délateurs prétend chasser les nouveaux traîtres et s’efforce de banaliser les ostracismes, selon l’antique habitude démocratique.

     

    Les Épées