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  • Lisbonne ou la damnation de l’Europe

    Par J.L.J  di  Costanzo

    966269273.jpgOn a tout fait pour dissimuler ou faire passer comme anodine la signature du Traité. Un vrai tir de barrage médiatique de crainte de déclancher une polémique autour d’une constitution refusée voici deux ans par voie de référendum, par le peuple  français.
    Il y eu le voyage de Nicolas Sarkozy en Algérie et l’affaire autour d’Enrico Macias. Puis on reçut dans le plus grand concert médiatique, en harmonie paradoxale avec une cacophonie de Boulez, le Colonel Kadhafi. Toutes les trompettes et les alarmes sonnèrent du Palais-Bourbon au Café de Flore : les ministres d’Etat tels des égarés ou échappés d’un asile, se mettant à « divaguer» pour ensuite s’excuser au premier rappel à l’ordre de l’Elysée. Un « Up side down » complet, où l’on alla jusqu’à entendre  notre brutal bédouin de Cyrénaïque nous donner des leçons d’Humanisme!

    On crut que Paris fut pris de folie !

    Enfin, juste après le départ de notre hôte, ce fut l’happy Ending, pas le temps de reprendre son haleine. Pour clore cette semaine chaotique, une fin à « l’Américaine » dans un parc d’attractions de l’Est parisien, une sortie en famille pour aller voir la Parade de Noël. Incognito avec 40 journalistes en rangs serrés devant des tourtereaux de « papier glacé ». Apparaissant comme sortis d’un Empire d’opérette, c’était bien là Badinguet au bras de la Castiglione!

    Le traité de Lisbonne ou pour les tatillons bruxellois, « le Traité modifiant le traité sur l’Union européenne et le traité instituant la Communauté européenne »  a été ratifié  le 13 décembre dernier aux termes d’une conférence intergouvernementale européenne.

    Ce fut le sommet où les Européens démissionnèrent de l’Histoire.

    La conférence Europe- Afrique

    En préliminaire, le sommet tragicomique « Europe Afrique », ou la débâcle constatée de l’Europe en Afrique. La conférence commença ainsi dans la plus grande hypocrisie, et furent accueillis des scélérats notoires comme Mohamad Kadhafi et Robert Mugabe, faisant fi des interdictions de séjour et autres mandats d’arrêt.
    Il ne fut pas question du Darfour. Il peut bien attendre que diplomatie se fasse. Et l’on s’inquiéta de l’avancée des Chinois sur le continent, dans une magistrale tartufferie aux accents teintés de cynisme.
    « L’Afrique n’a que les dictateurs et la misère qu’elle mérite ». Voici le premier postulat humaniste de Lisbonne.

    Une Union méditerranéenne ?

    1638818979.jpgL’Union méditerranéenne est la prochaine des « abstractions dévastatrices », de Bruxelles. Entre Union Européenne et Union Africaine, un second cercle en périphérie, zone tampon, se voulant être le lien entre Orient et Occident et entre Nord et Sud, en ostracisant Israël si on écoute Kadhafi. Ainsi le Ghetto rejoindrait la « dimmitude ».  Et par souci de symétrie, en voulant un Etat d’Israël au Moyen Orient et un Etat musulman en Europe, on ne s’opposera pas à l’indépendance du Kosovo.
    Si une Union Méditerranéenne est dans l’absolu une idée bien exaltante, il  faut regarder  la réalité en face et être conscient des logiques régissant la zone. La création ex nihilo de l’Etat du Kosovo  et de sa probable annexion par l’Albanie provoquera dans une région, encore bien sensible, une nouvelle déstabilisation qui pourrait se traduire par un embrasement allant de Trieste à Constantinople. Sans parler qu’avec le projet d’un Kosovo indépendant, et d’une Serbie encore une fois démembrée, qu’en serait  de nos relations avec la Russie? Sans cette dernière, l’Europe est hémiplégique ! il n’y aurait ainsi plus de centre, si ce n’est que d’intérêt.
    Si l’on voit l’indépendance du Kosovo, comme une des conditions primordiales et ciné qua non à toute union meditéraneenne, il faut aussi admettre que ce  projet pourrait bien aliéner toute tentative de  construction de cette dernière.  C’est un projet géopolitique ambitieusement absurde!

    De la pure technique, un vide moral,

    Le projet constitution signé le 13 décembre, que l’on nous présente comme un traité simplifié, c’est-à-dire moins de textes et plus d’annexes  si je maîtrise bien l’art de comprendre les  euphémismes bruxellois. Refusé par la France et le Danemark, le traité initial avait été retiré, et par quelque passe incantatoire les prestidigitateurs technocrates nous le ressortent de leur chapeau, à peine revu juste « simplifié ». Une Charte du fondamentalisme technocratique, un superbe meccano pour ministre en retraite!
    Le premier projet de constitution avait échoué par son manque de démocratie et sa démesure technocratique. Il y avait dans le « non » une réelle aspiration à une Europe affirmant ses valeurs universelles  millénaires judéo-chrétiennes. On pouvait comprendre dans le « non » une volonté populaire de participer à la construction Européenne  et d’aspirer légitimement à être « maître de son destin ».  Il y avait dans le « non » un espoir citoyen.
    1437668335.jpgLes Commissaires et  chefs d ‘état ne l’ont pas compris ainsi et par un acte de violence politique inouïe, et un sourire goguenard au coin des lèvres, ils ont signé le projet de constitution.
    Ainsi, et de leur propre chef, nous aurons un président élu pour deux ans, une diplomatie plus ou moins harmonieuse. Au comble de l’absurdité, sans la définition des limites géographiques et culturelles de la  « Bête », il y a aussi un volet sécuritaire, par l’harmonisation des polices et des justices. On voudrait que les peuples s’exaltent pour la construction européenne en leur faisant admettre le fait accompli, une constitution technocratique sans Ame « pure sucre ».

    Moins de souveraineté et néant idéologique, colportant d’insipides valeurs, agitant de grands mots sans réalité concrète, « comme le droit à la dignité ». L’Europe ne sera que pure technique, de l’académisme politique, de l’abstraction parfaite, la négation de toute morale ou valeur historique, de la folie furieuse pouvant devenir autodestructrice.
    On veut  l’Union Africaine, et en abandonnant le continent aux tyrans, à la famine et aux épidémies, le transformant en un maelström de la misère humaine. Où sont les valeurs ? Absentes, nous avons démissionné.
    Nous voulons faire une Union Méditerranéenne en excluant Israël et en créant le Kosovo ce qui nous apportera des conflits interethniques au lieu de maintenir un status quo.
    La guerre civile, des Balkans jusqu'à la Corne de l’Afrique, voilà le cauchemar de Lisbonne et la damnation de notre civilisation !
    Nous avons fait commerce de notre âme avec nos vieux démons, nous avons  renoncé à notre génie et construit ainsi une Europe sur la négation de nos propres valeurs millénaires et Saintes.



  • A Roman Week End in Cumbria : une réflexion sur le conservatisme.

    Par Jérôme L.J di Costanzo

    2077682521.jpg Cela aurait pu commencer comme une de ces autobiographies à compte d’auteur, une de ces petites destinées littéraires, insipides et inintéressantes qui pullulent en Grande-Bretagne. Ce dernier, prétendant à la succession, en futilité, d’Oscar Wilde, vous subirez à la lecture de l’ouvrage, un enchaînement stylistique d’inodores flatulences désespérément apocryphes. Et de surcroît, affublé d’une prolifération de détails plus ennuyeux qu’utiles, nous faisant penser à l’occasion, qu’un  Flaubert fut un écrivain distrait et léger.
    Un petit objet que vous pouvez acquérir pour un peu moins de 15£ pour ne pas vexer votre hôte, qui a eu la délicatesse et la charité chrétienne de vous inviter à son cocktail de Première. Avoir sa vie résumée entre un champagne tiède et des sandwichs mous, quelle angoisse !

    Eh, oui! Cela aurait pu commencer comme ce genre de littérature acidulée et égocentrique : « Il y a  quelque temps de cela, J’eus l’opportunité, à l’invitation de Douairière Angéla Strickland, que ses petits-enfants confondent dans leur candeur infantile avec la Reine, à séjourner le temps d’un Week End, en son Château de Sizergh, prononcé « Saïzere». » Etc.

    Des Gens  de la Frontière

    Plantée en plein milieu d’une toile de Ruskin, dans le « Lake district », un fond d’un vert exacerbé, violent, bordé d’un liseré blanc argenté, vous donnant l’impression d’un flou permanent. Un paysage qui inspira tant de pré-raphaelistes, c’est la Cumbria, au Nord de l’Angleterre.
    Le corps central du bâtiment  ne laisse aucun doute, c’est à l’origine un fort, un bloc de pierre marquant le territoire, le « king-dom », le domaine du roi. Sizergh se tient là depuis le 14éme siècle gardant aux Septentrions la « Border» écossaise. C’est sa vocation de prévenir toute invasion ou raid des terribles clans  Ecossais des Lowlands comme les Johnston, Douglas, Armstrong ou autre Moffat. À cet effet au 16éme siècle, le seigneur de l’époque, Williams Strickland forma un régiment de 290 hommes d’armes.
    La famille fait partie de la noblesse, la vraie, à ne pas confondre avec l’Aristocratie. La noblesse est un conglomérat, où chaque composante est  fondue l’une dans l’autre, et où l’une n’a de sens que dans la dynamique que lui donne l’autre. Il y a un «, ‘ je ne sais quoi » du principe de la Sainte Trinité dans la noblesse, de la grâce d’un Evangile. Elle est, en fait, l’amalgame d’un lieu, d’une famille et d’une foi, cette dernière consacrant le tout et l’ensemble étant maintenu par un ciment indissoluble : la Loyauté à une Eglise, a un Roi, à une Terre. 
    L’équation des Strickland, leur vocation est la suivante et est irrévocable : la « Border » est leur domaine, leur dynastie, partisans des Stuarts et enfin, leur seule église, la Catholique Romaine.
     Et cela est indissociable et spirituellement  pas négociable! Même le temps d’un Week End à la teinte pré-raphaeliste, vous comprenez maintenant pourquoi, il fut, (catholique) Romain en Cumbria.

    De la première des Ruptures

    774489536.jpg Des «Catholiques anglais» ! et cela sans discontinuer depuis la Réforme. Je dois dire que la chose ne manque pas de panache et d’élégance, voire de courage. Malgré les persécutions, les intimidations, les relégations et les soupçons, ils sont  toujours attachés au dogme de notre Sainte Mère l’Eglise.
     Je suis toujours tenté par la comparaison de la rupture anglicane avec la Révolution française : on ferma des monastères, brûla des églises et l’on exécuta des prêtres qui avaient refusé d’abjurer leur Pontife. Sur ce plan, un Saint Thomas Moore  rejoindrait un Edmund Burke.
    John Campion, le « sedicious Jesuite », et martyre anglais, n’avait-il pas clamé de sa geôle, avant son exécution, « en nous condamnant, vous condamnez vos propres ancêtres, vous condamnez tous les anciens évêques et rois, vous condamnez tout ce qui était autrefois la gloire de l'Angleterre ... ». Au nom de la « liberté de croyance » et après au nom de la «raison», on débarrassa, non sans une violente terreur, le peuple  de ses «superstitieuses» habitudes Romaines !
    La politique de la «table rase» pour imposer une abstraction de la raison, il s’agit là, (me le  permettant en tant qu’essayiste, sans aucune prétention historique ou théologique), de la « Première Rupture », une illusoire foi dans les vertus de l’éradication en vue de matins meilleurs.
    Sizergh fut à cette époque un sanctuaire catholique, avec ses prêtres inscrits comme peintres ou bien à l’image d’un Christ ressuscité comme jardiniers, avec ses chapelles discrètes installées dans des placards ou réduits, des « priest  hole » qui permettaient aux religieux de s’échapper, communion donnée.  Les Strickland accolent à leur histoire toutes les traditions et légendes de cette Angleterre « popish », une religion secrète à l’époque!

    « Si notre religion fait des traîtres nous méritons d’être condamnés ; mais autrement nous sommes et avons été les véritables sujets que la Reine a toujours eu ».   Saint Edmund Campion

    Fidélité et dévotion,

    Entrons maintenant dans le corps de la citadelle. Il aurait été bien venu d’y être accompagné par une sonate de Georg Muffatt, le compositeur allemand était issu justement, de cette diaspora catholique de la fin du 16me siècle et qui avait immigré sur le continent pour fuir les persécutions.
    Je déambule, et luxe suprême, librement de chambre en chambre. Une cuisine élisabéthaine pouvant contenir un pub, avec un âtre assez large pour rôtir un bœuf entier. Au centre de l’édifice  dans ce qui fut le donjon primordial, « the Banquet Room » et, adjacente la chambre destinée au seigneur de la place. Voyage dans le temps, Art de la mémoire, ma visite tournait à une exhortation ésotérique. De chambre en chambre, la mémoire se recompose, une logique apparaît. Une logique que l’on avait perdue, celle de l’Avant-modernisme, celle de la Tradition.
    Les Rois ! Leurs rois ! devrais-je dire. Leurs portraits en couvrent les murs. Charles I, et le II, James II, qui dut abdiquer pour s’être converti au catholicisme. Roi, roi en exil, et « par-delà les mers », que les Strickland suivront. Comme l’amiral Roger Strickland, héros de la bataille des 4 jours contre les Hollandais, qui suivit James II à St Germain où il y mourut. Cela valut à la famille d’être placée sur la liste des « traîtres jacobites » restés fidèles au roi déchu. Traîtres parce que fidèles à leurs convictions, loyaux à leur serment d’obédience, le paradigme ne manque pas d’absurdité.
    Enfin, une chambre me fut attribuée, j’y parvenais par un grand escalier bordé de portraits d’ancêtres, pas seulement des Strickland, mais des Matthews, des Angelheart, Cox et d’autres Catholiques, de diverses origines : irlandaises, française, allemande, voire quelques grand-mères maltaises, ressemblant trait pour trait à la Claudia Cardinal du « Guépard » de Visconti. Oui des femmes qui ont su transmettre et maintenir la religion, ce qui est symptomatique d’une certaine élection.
    Les Stricklands ont continué  bon gré mal gré à assumer leur destin, leur devoir, condamnés a un nomadisme, ils devinrent des officiers de marine, que leur pérégrination amena  jusqu’à Malte, pour  être fait Marquis de la Catena, par le Grand Maître de l’Ordre Souverain de Malte.
    Ils prirent souche sur cette île, où ils furent des acteurs importants de l’Indépendance. Le Baron Gerald Strickland devint « Premier ministre » de 1927 à 1932. Sa fille Mabel, journaliste au « Times Malta », resta dans les annales de l’île pour ses controverses passionnées avec le Premier ministre maltais de l’époque Dom Mintoff.

    Afin de calmer mon exaltation romantique, que je dois certainement à de lointaines origines écossaises. Je partis à la recherche d’un livre, pour couronner cette journée par quelque ponctuation pouvant s’accorder harmonieusement avec le lieu. Je découvris ainsi un petit objet littéraire, au demeurant sans prétention, mais en parfaite adéquation avec le moment : « jacobite essays » de Mary Wakefield, édité par, (ça ne s’invente pas) par Titus Wilson & Son, Kendal, 1922. J’ouvris l’ouvrage et la prose romanesque et exaltée de l’auteur  m’entraîna vers des songes où les combats désespérés ne manquent pas de beauté : des derniers carrés de baroud d’honneur, baïonnette en avant, ou inextremiste on sauve les couleurs, ou les combattants héroïques n’acquièrent qu’Honneur et n’atteignent l’Eternité qu’avec une loyauté indéfectible envers leurs convictions.

    Tory !

    323611664.jpg Tory est le surnom des conservateurs dans les pays Anglo-saxons. Le terme aurait pour origine le mot irlandais « Torai » signifiant « fugitif »  ou « Hors la loi », cela à l’origine qualifiant les partisans du roi Stuart. C’est pour cela que j’ai accolé un point exclamation, comme si on voulait pour l’éternité les interpeller.  Et ne pourrait-on pas mieux qualifier les Strickland de « Torys » de l’histoire : catholiques quand cela fut interdit et partisans du roi quand celui-là par vox populi fut chassé du pays. Des rebelles aux yeux des séculiers et des dévots fidèles à leur foi et obédience. C’est ici une constante du conservatisme et cela de Don Quichotte à Churchill.
    Les Strickland font partie de ce que Burke appelait la « paegeantry », qu’il symbolisa par l’image du « vieux chêne », cette structure nobiliaire, gardienne des valeurs et de la logique historique d’un pays.  Et cela, dans la même catégorie que des Churchill, qui devinrent Ducs de Malborough, et dont un des rejetons Winston sut trouver les mots pour faire triompher son pays de la barbarie nazie. Ou bien comme ces petits nobles Anglo- Normands d’Irlande, les Wesley, parmi lesquels le Duc de Wellington, vainqueur de Bonaparte et père de l’Angleterre moderne. Fidèle à la mémoire d’un Simon de Montfort, Earl of Leicester, qui au 13éme siècle formera le premier Parlement élu de l’Histoire, sortant ainsi le pays de la guerre civile. Les familles nobles britanniques ne sont décidément pas sans vertu, quand il s’agit de faire relever le menton à un peuple.
    Et nos Strickland de Sizergh sont de cette même race, que cinq cents ans de modernisme n’ont pas réussi à aliéner. Ils seront toujours là pour garder la frontière, là-bas au nord de l’Angleterre. Et c’est un Espoir.