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editorial - Page 8

  • N°15 - Editorial "NON"

    Les imposteurs ont la vie belle. Pendant des années on aura subi le règne du nouveau philosophe français, BHL, aujourd’hui laminé par Philippe Cohen et des commentateurs enfin décidés à dégonfler la baudruche. Mais il a aujourd’hui un successeur : Michel Onfray, l’expert en hédonisme mou et en niaises turpitudes : même arrogance, medium_onfray.jpgmême bluff, mêmes manières de petit marquis parisien donnant la leçon à Platon et Saint-Augustin…

    Heureusement, le ministre de l’Éducation nationale déplore le sort (catastrophique) de l’orthographe des petits Français ; mais il ne change rien dans la formation des professeurs des écoles, et renforce à peine les programmes de grammaire au collège. Il faut avouer que, du côté des adultes, on ne fait pas tout pour montrer l’exemple : il n’est que d’entendre la plupart des radios dans le vent, de prêter attention au sabir qui se pratique à la télévision, ou d’entendre les socialistes évoquer la députée… Là encore, c’est la langue de la démocratie.

    Les amnésiques se satisferont du moins d’un bonne nouvelle : désormais, grâce au fameux « bloc » des connaissances prévu pour les classes de collège, l’histoire devient une matière optionnelle. La haine du passé (surtout national) est en revanche obligatoire. On le voit particulièrement à l’égard des événements du début du siècle : trente ans de persécution antichrétienne (et plus largement, antireligieuse) ont précédé une séparation de l’Église et de l’État effectuée sans négociation, et ces événements sont évidemment écartés des programmes officiels. En France, on ne doit pas dire que la République est née dans la Terreur et dans la persécution des catholiques – seulement 95% du peuple français en 1880, selon Jean Sévillia.

    Aujourd’hui, la « République » n’est d’ailleurs plus rien du tout : une ombre historique, un résidu de principe, un procès perpétuel à la vie nationale, un rouage de l’intégration eurocratique. Elle n’a rien pour attirer la confiance, encore moins pour susciter l’amour. Ses hommes politiques cherchent d’une manière ou d’une autre à vider la nation de toute son existence, et à faire de chacun un atome à la fois abruti et disponible pour le marché. Et comme le notait Gustave Thibon, le conformisme a changé de camp, « il est passé du côté de la négation des valeurs spirituelles et morales qui ont fait notre civilisation ».


    Les Épées

  • N°14 - Editorial "Le peuple"

    Lorsque les Épées sont nées il y a quatre ans, d’aucuns pensaient qu’une telle entreprise serait vouée à l’échec, et ne dépasserait pas quelques numéros. Or, non seulement la revue a duré (voici le numéro 14), mais elle a épaissi, elle a multiplié et étoffé ses rubriques, et s’est enrichie de nouveaux rédacteurs dont elle s’honore. Si l’analyse politique domine, la culture (au sens large) y tient un rang essentiel, qui accueille toute une diversité : de la littérature à la bande dessinée, des visuels à la philosophie et à l’architecture. Non contentes de progresser, les Épées ne cachent pas leur jeu en se définissant comme royalistes.

    Qu’est-ce que cela ? En 2004 ? Est-ce bien raisonnable ? Dans un temps qui perd si nettement la raison pourtant déifiée par de grands ancêtres, la folie n’est pas si grande. On peut penser que de nombreux maux actuels auraient été évités, jugulés ou amoindris par une institution généralement vouée à s’adapter aux changements de la société (elle le fit du Xe au XVIIIe siècle). Et puis nous avons la modestie de penser que ce royalisme se cherche et se construit à mesure, medium_bainville.jpgparce que personne ici ne prétend changer un destin par un coup de sceptre magique. On ne saurait sans doute pas s’en tenir à une critique politique, sociale, économique et culturelle si une clef de voûte idéale ne rassemblait pas tout, en offrant une dimension positive à cet effort. Au reste, elle laisse la place aux divergences sur la plupart des terrains, de même qu’un roi, d’une certaine façon, ne s’appuie heureusement pas que sur des royalistes, et que des solutions pratiques ne traduisent pas nécessairement un lourd substrat idéologique.

    - Alors, où voulez-vous en venir, avec vos Épées ? À côté du rire et du plaisir, loisibles en pays de France depuis le règne de Basile de Koch, il nous paraît essentiel que perdure et se développe une critique politique et intellectuelle suffisamment ambitieuse et accessible, faite d’héritages et d’ouvertures à de nouveaux horizons. Ces temps-ci, « nuire à la bêtise », (Nietzsche), n’est pas un projet négligeable. Au-delà, c’est évidemment la tradition française qui nous importe, un peu comme les Irakiens tiennent à l’Irak et les Américains, aux Amériques. Le lecteur a dû le sentir.

    La situation des temps écarte d’elle-même une vue dogmatique de ce que pourrait être la monarchie de demain : constitutionnelle, parlementaire, traditionnelle, liée à des formes de représentation et de participation des citoyens... Les rédacteurs, à cet égard, parce qu’ils viennent d’horizons différents, nourrissent des réflexions diverses. L’important étant en somme de se retrouver sur un principe de continuité politique qui a fait ses preuves, en tant qu’il peut rassembler les Français d’hier, d’aujourd’hui et de demain, non par opinion, mais par définition. C’est là un lourd travail pour un objet qui a l’apparence d’une revue-magazine. Mais les royalistes sont des gens étranges. La disproportion des forces en présence les émeut sans les décourager tout à fait.

    Actuellement Les Épées sont la seule revue à affronter ces questions. Elles ont la mission de prolonger une tradition critique, de prospecter autant que d’hériter : pour toutes ces raisons, elles ont besoin de votre soutien.

     

    Les Épées