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Les Epées - Page 104

  • N°12 - Sommaire "Le pastiche"

    medium_couv12-pench.gifActualités
    Décentralisation, piège à c... ? par Christophe Boutin
    Le chômage utile par Robert Grégoire
    L’affaire Laschet : entretien avec Paul-Marie Coûteaux
    Désorganisation internationale : le Kosovo par Benoît de Falkenhorst

    Spiritualités
    La nuit de l’inconnaisance par Jean-Marc Vivenza

    Revue des revues
    par Arnaud Olivier

    Architectures
    par Eric Arnodin et Joseph Roueeler

    Rire et société
    Pastiche et parodie sont dans un bateau par Philippe Mesnard
    Entretien avec Basile de Koch
    Un pastiche sinon rien par E. Marsala

    DOSSIER : La démocratie contre le vote
    Démocratie représentative par Alain Raison
    Le vote sous l’Ancien régime par Jean-Louis Harouel
    La comédie du suffrage universel par Jean-Baptiste Barthélémy
    Les absents ont toujours raison par E. Marsala
    Osons le vote ! par Christophe Boutin
    Entretien avec Frédéric Rouvillois

    Nos humanités
    Pourquoi Boèce ? par Axel Tisserand

    Le Monde comme il ne va pas
    Banlieues : consomme et tais-toi par Olivier Dejouy

    BD
    Une Europe rêvée : la fortune littéraire du communisme par Philippe Mesnard

    Imageries par Jean Birnbaum

    Lectures critiques
    Entretien avec Arnaud Teyssier. Photos Louis Monier.
    Mathieu Baumier, Sylvain Bernis, Benoît Carey, Gilles Chabrier, Pierre Carvin, Antoine Clapas, C. Equilbecq, Antoine Foncin, Stéphane Giocanti, Clémence de Malloy, E. Marsala, Thomas Mercier, Philippe Mesnard, abbé Guillaume de Tanouärn, Marie Uccelli.

    Mission en Métagonie (troisième partie)
    par Fabrice Hadjadj

     

  • N°12 - Editorial "Le pastiche"

    Le vieux Sorel a dû se retourner dans sa tombe pour rire un bon coup : car voilà que la gauche molle, en la personne de Dominique Strauss-Kahn, s’approprie la notion de mythe qu’il avait inventée il y a un siècle, dans ses Réflexions sur la violence. Le texte de Strauss-Kahn s’intitule plus sobrement Construire l'Europe politique. Cinquante propositions pour l’Europe de demain. Pour autant, l’emprunt n’est pas contestable : l’Union européenne, écrit Strauss-Kahn au commanditaire de l’étude, le président de la Commission, (qu’il appelle familièrement « Cher Romano »), l’Union, donc, « traverse une triple crise. Ses institutions ne fonctionnent pas bien […], son projet est en panne, […] son territoire est incertain ». Alors, comment relancer la machine – puisqu’il est entendu qu’il faut aller de l’avant, rester optimiste, et que, comme on dit, cette crise est surtout une crise de croissance ? Eh bien, il faut imaginer un mythe qui lui permettra de rebondir. « L’Europe, déclare Strauss-Kahn, s’est construite à travers des “mythes” mobilisateurs, dont le dernier a été l’euro ; quel doit être le prochain mythe européen ? »
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    On n’épiloguera pas sur la réponse : pour Strauss-Kahn, ce mythe doit être la construction d’une « Europe politique », d’un gigantesque état fédéral, « res publica européenne » sans commune mesure avec le projet de constitution établi par Giscard, puisqu’elle implique entre autres l’intégration de l’Afrique du Nord et de la Turquie, mais aussi la fabrication d’un peuple européen : « il faut maintenant faire des Européens ». Les Épées y reviendront plus longuement dans le prochain numéro.

    En attendant, on peut revenir à Sorel, et rappeler que ce qui caractérise le “mythe”, c’est qu’il sacrifie la vérité à l’efficacité : peu importe l’énormité du bobard, s’il parvient à mobiliser les masses et à faire avancer l’Histoire. Celui-ci sera-t-il assez gros pour mener les peuples à l’abattoir ? Sur ce point, le rapport Strauss-Kahn renvoie opportunément aux deux dossiers de ce douzième numéro des Épées : le vote, admirable machine à duper ceux dont il consacre prétendument la souveraineté ; et le pastiche, puisque cette Europe-là a tout de même un petit air de déjà vu, sauf qu’elle avait à l’époque un fort accent allemand…

     

    Les Épées