ACTU
4 Hommage
Alexandre Soljenitsyne : le chêne et les veaux. Gérard Guicheteau
Soljenitsyne et les médias. Entretien avec Véronique Hallereau
7 France
La réforme des temps nouveaux
Christophe Boutin
10 Sociétés
Amnésie de l’espérance Verbamanent
12 Vue de droite
La viande rouge est-elle de droite ? Alain Sanders
14 International
La Chine, maîtresse du jeu. Entretien avec Luc Richard
16 Place royale
Le royalisme politique : état des lieux. Antoine Clapas
DOSSIER
Voici venir le temps des conséquences
20 Changer de cap, vite ! NK
27 Cette crise énergétique qui vient. Entretien avec Sylvain Tesson
30 On n’arrête pas le progrès. E. Marsala
CULTURE
32 Nos humanités
Gris sur gris. Rémi Brague
35 BD Philippe Mesnard
38 Revues des autres
Vacances studieuses. Jérôme Paturot
40 Lectures
50 Entendre et voir
Laurent Dandrieu, David Foubert
54 Arts Amaury Chabert
Commentaires
Antoine Clapas nous appelle à réagir à son papier "le royalisme politique : état des lieux" et je réponds à son invitation.
Le débat sur l'avenir du royalisme s'ouvre à nouveau de façon constructive et nous avons tout intérêt à multiplier les lieux et les occasions de débat. Même si elle n'était plus depuis longtemps qu'un fantôme, la vieille AF vient d'imploser et cette implosion a en quelque sorte libéré les esprits et c'est tant mieux. Mais s'il faut que le débat vive et qu'il s'exprime - au moins pendant un certain temps - sans cadre préétabli et sans calendrier imposé, il faudra aussi - à un certain moment - qu'il s'organise. Les Epées, comme d'autres lieux, devront jouer un rôle dans cette étape indispensable "d'organisation" du débat.
Deux points d'accord et une (légère) réserve par rapport au texte de Clapas. Il a raison de dire que c'est aux générations de la NAR, à celles de Réaction et des Epées de préparer l'avenir du royalisme. C'est là que le travail intellectuel, critique, s'est poursuivi, développé, enrichi depuis plus de 30 ans, que l'héritage de Boutang et de la Nation française a été accueilli et actualisé, que les échanges se sont poursuivis avec les meilleurs esprits actuels, de Gauchet à Rosanvallon, de Thibaud à Julliard ou à Finkielkraut. Conservons l'idée qu'il n'y a pas, qu'il n'y aura pas de royalisme sans laboratoire d'idées, sans aventure intellectuelle, même si celle ci doit être envisagée sur des bases complètement différentes du maurrassisme, en se libérant très largement de son enseignement.
Second point d'accord: avoir raison contre le reste du monde est insuffisant, voire inutile. S'il faut nous libérer du catéchisme maurrassien, il faut aussi nous affranchir d'une certaine praxis de l'Action française, celle de l'arrogance intellectuelle, du repli sur soi, d'un aveuglement certain vis-à-vis du monde. Clapas a raison de dire que pour l'immense majorité de nos compatriotes la question monarchique ne se pose pas, qu'elle est hors sujet, hors de leur champ de vision, qu'elle ne renvoie à aucune de leurs préoccupations. Cela signifie quelque part que nous avons sans doute trop déserté le champ de la politique, du social, de l'économie, du local. Et que l'idée de réduire le royalisme à un programme rationnel de gouvernement, à une constitution minimaliste qui rassemblerait tous les honnêtes citoyens - comme certains en caressent l'idée, à l'Alliance royale par exemple - n'a aucun sens. Le royalisme n'a quelque chance de renaître que s'il accepte de s'enraciner dans le champ politique au sens large et de répondre aux questions que se posent la France et les Français. J'en tire la conclusion - mais ce n'est peut-être pas celle de Clapas - qu'il ne pourra pas y avoir de renouveau du royalisme sans un mouvement (je n'ai pas dit un parti) politique royalisme, qui s'assume comme tel au sein de la démocratie française.
Ma réserve porte sur la conclusion de l'article. Je la trouve exagérément pessimiste. Je n'ai pas le sentiment que le royalisme se résume à un dernier carré de folklore et d'héroïsme. Je pense en réalité qu'il y a aujourd'hui autant de royalistes qu'après guerre et que dans les années 60 - les sondages qui sortent de temps à autre sur le retour de la monarchie semblent le prouver - même s'il y a sensiblement moins de maurrassiens. Un public sans doute beaucoup plus divers, venant de différentes directions politiques, sociales ou spirituelles - c'était là une des intuitions fortes de la NAR - qui ne comprends pas notre absence du jeu politique et que nous ne savons pas accueillir parce que nous restons encore trop marqué par les schémas (ligue, cercle, clubs, groupes de jeunes...) hérités du passé.
Le nouveau royalisme : un mouvement politique et un laboratoire d'idées en même temps ? une force présente dans la démocratie tout en restant critique vis-à-vis d'une certaine tradition républicaine ou jacobine ? une volonté d'être présent dans l'ensemble du champ politique et social sans tomber dans l'idéologie ? le choix de prendre parti et d'élaborer des réponses tout en refusant l'esprit de guerre civile et en préservant l'unité française ? le risque d'être dans le débat sans se couper des Princes ? Voilà les questions complexes, les défis qui s'offrent à nous. Mais ne pas les relever, ce serait esquiver le débat.
Question aux administrateurs des Epées : Voyez vous un inconvénient à ce que le texte de Clapas soit reproduit sur le site de la "Nation Française" (lanationfrancaise.net) qui rend compte également de ces débats ?
Bonjour,
Tribune très intéressante concernant l'actualité du royalisme.
Pour ma part, je ne me suis jamais engagé dans une mouvance ou une autre, pour la simple raison que j'était déjà engagé par ailleurs, et que tous les mouvement m'ont paru entachés d'un atavisme : celui de ne pas porter de projet politique complet.
Au niveau des idées, le mouvement royaliste est très riche, mais reste à ce niveau là.
Contrairement au mouvement Identitaire qui propose une action protéiforme (politique, culture, formations ....) ou même la jeune association Dies Iare de Bordeaux qui agit sur plusieurs front.
Le mouvement royaliste, lui, reste, je ne sais pourquoi bien qu'ayant une petite idée dessus, avec un creux dans son incarnation politique.
On pourrait penser une fondation capétienne qui produise des informations sur l'action politique au sens large du terme (culture, histoire, patrimoniale, religieuse...) qui permettent d'alimenter des réseaux d'hommes et de femmes libres de s'engager.
Souhaitant à toute la mouvance royaliste de véritablement s'incarner dans une action durable, sans renier son patrimoine et ses possibilités de réflexions.
Cordialement.