Voici ci-dessous l’intégralité du communiqué de presse que les instances politiques de l’Action française ont fait parvenir en sa mémoire, à la presse :
Le journaliste, patron de presse et homme politique Pierre Pujo est décédé le 10 novembre 2007, à Paris, à l’âge de 77 ans.
Pierre Pujo était né le 19 novembre 1929 à Boulogne-Billancourt. Il était le fils de Maurice Pujo (1872 - 1955) qui, aux côtés de Charles Maurras (1868 - 1952) fut l’un des fondateurs de l’Action française. Elève de Science-Po sur les même bancs que Jacques Chirac, il rejoint les rangs des étudiants monarchistes. Militant pour la défense de l’Algérie française, directeur du mensuel AF Université puis de l’hebdomadaire Aspects de la France, il mène avec succès le combat pour le maintien de l’île de Mayotte au sein de la nation française à la fin des années 1970.
Pierre Pujo fut sa vie durant un soutien indéfectible des Princes de la Maison de France aujourd’hui incarnée par Henri, Comte de Paris, duc de France.
Alors que l’ensemble de la droite nationale se rapprochait du Front national, il tînt à préserver la spécificité et l’indépendance du courant royaliste français. A la fin des années 1990, il participa aux côtés du député français au Parlement européen Paul-Marie Coûteaux et du général Pierre-Marie Gallois à l’émergence du courant souverainiste en France. Lors des élections présidentielles de 2002 il apporta son soutien à la candidature de Jean-Pierre Chevènement. Jusqu’à aujourd’hui il fut le directeur du bimensuel royaliste Aspects de la France, rebaptisé L’Action française 2000.
Patriote fervent, amoureux de la France, la monarchie était à ses yeux la seule forme institutionnelle qui convient au pays.
Thibaud Pierre,
Secrétaire Général
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La mort de Pierre Pujo.
Pierre Pujo, à l’âge de 77 ans, est mort samedi, le 10 novembre, anniversaire, notamment de la mort du général de Gaulle, dont la politique fut souvent critiquée par lui, mais avec lequel il partageait un même amour, sans failles, de la France, et aussi, toutes choses égales, un de ces caractères, qui se font rares aujourd’hui dans le domaine de la politique, et que l’on désigne d’un mot en voie de déshérence et qui est la « grandeur ».
Au cours, d’un voyage en Guadeloupe, en 1980 ou 81, à l’occasion d’un Congrès de l’Association Internationale des Journalistes de Langue Française, qui s’était tenu en Guadeloupe à l’hôtel Méridien de St-François, il avait pris contact avec moi. C’est ce soir là que, d’ailleurs, je rencontrai pour une unique fois Roland René-Boisneuf, le frère de mon ami le docteur Jean René-Boisneuf, dont parle élogieusement Lénis Blanche dans le dossier sur lui récemment publié.
Dans les jours qui suivirent je lui fis visiter la Guadeloupe et connaître quelques amis.
Je devais le revoir par la suite une quinzaine de fois, le plus souvent à Paris, dans son petit bureau du journal de l’Action Française, où dans quelque petits restaurant, tel Le Dauphin qui jouxte la rue Croix-des-Petits-Champs.
Ou encore, dans ce café, en 1985, face aux locaux de l’AF, où il avait rencontré, et passionnément discuté, avec une dizaine d’étudiants de cette France d’outre-mer, qu’il avait en haute estime, et à laquelle il vouait une sorte d’amour, je le dis sans rien exagérer.
Pierre Pujo était royaliste. Il était le fils de Maurice Pujo, l’un des chefs historiques du mouvement de l’Action Française avec Charles Maurras, dont il était le filleul.
Et surtout, Pierre Pujo, qui interrompit une brillante carrière dans la banque pour poursuivre l’œuvre de ses maîtres, ne croyait pas que la royauté eut quelque chose de commun avec la tyrannie, notamment de celles qui saccagèrent le 20è siècle : le nazisme et le communisme. Il était trop lucide pour croire à la possibilité d’une restauration de la monarchie en France, à court ou moyen terme. Mais il tenait à ce que la tradition royale fut maintenue contre vents et marées, pour servir, le cas échéant quand viendraient des jours difficiles. C’était une conviction discutable, peut-être, mais respectable, qui fut celle, aussi, de Charles de Gaulle.
Quoiqu’il en soit, il travaillait avec ardeur, à la tâche qu’il s’était assignée, estimé de tous, y compris de ceux qui le combattaient, mais connaissait l’âme qui était la sienne, pas seulement celle d’un écrivain et militant politique, mais celle d’un homme bon, (tel est mon sentiment personnel intime à son égard) dont l’ardeur était tempérée par son christianisme catholique, vraiment vécu.
Ce soir là que j’évoquais plus, après la conférence avec les jeunes Guadeloupéens et Mahorais, il était tard, nous nous séparions tous, amicalement, je vis Pierre reprendre le chemin de son bureau tout proche. Le travail l’attendait. La sortie d’un journal ne supporte pas les délais, même engendrés par d’autres activités et soucis estimables. Je pensai à Victor Hugo, poète pas très à l’honneur, pourtant dans sa famille de pensée : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent (….) ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime » !
Notre dernière rencontre date d’avril 2006. J’étais à Paris, et je donnais, un soir, assez tard, une causerie sur la Guadeloupe aux membres de l’Association des écrivains catholiques de langues française, près de Denfert-Rochereau.
Malgré l’heure, et les travaux d’une longue journée, Pierre arriva, courbé, douloureux, mais souriant. Sa santé déclinait depuis quelque temps déjà. Il s’était fait accompagner d’un de ses filleuls, attentif, déférent. Il avait voulu, malgré les soucis, la douleur, m’honorer de son amitié, et par delà ma personne, ce que je pouvais représenter ce soir là pour les personnes présentes : la France, la vieille France ultra marine. Je (nous) ne saurais l’oublier.
Une chute dans le métro parisien il y a quelques mois devait accélérer le déclin, sans altérer l’activité journalistique, et amicale ce « manant du roi ».
Je me fonde sur notre foi commune pour lui adresser, par delà tous les espaces, le témoignage de mon estime, de mon amitié – fidèle -, un mot qui lui va si bien.
Edouard Boulogne.