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royal

  • N°23 - Editorial "Non au communautarisme catho !"

       Et rose elle a vécu

    Que cent fleurs s’épanouissent ! « Un élan civique s’est levé. La très forte participation que j’avais appelée de mes vœux est là », entonnait Ségolène Royal au soir du premier tour des présidentielles. « J’étais la première à faire le constat de la crise démocratique, en particulier au moment de la montée des abstentions », ajoutait-elle quelques jours plus tard. Mais « ce qui s’est passé d’extraordinaire au cours de ce premier tour, c’est la très forte mobilisation, la très forte participation. Un élan civique qui vient de se passer dans le pays ! » Et elle reprenait sur le même ton le 6 mai, après le second tour : « La forte participation traduit un renouveau de notre démocratie et notamment pour les jeunes, partout dans le pays et en particulier dans les quartiers, qui se sont massivement inscrits pour voter. Bravo à tous ces jeunes pour cet engagement civique. » De fait, les taux de participation aux deux tours de la présidentielle semblaient remettre en cause certaines des analyses, développées dans Les Épées, sur cette crise de la démocratie dont l’abstention est (en France) l’un des symptômes les moins contestables. Inscriptions massives, affluence inédite aux meetings, longues queues d’électeurs pour accéder à l’isoloir, et en fin de compte, résultats objectivement exceptionnels, avec une participation frôlant les 84 % – soit, pour le premier tour, près de 14 points de plus qu’en avril 2002 : tout ceci avait été unanimement salué par une presse hypnotisée comme un merveilleux « printemps démocratique ».
    3772033faec6da1f18edb51a4022c8c0.jpgEt puis, patatras, la pluie après le beau temps : aux quasi records d’avril et mai, succèdent, le 10 et le 17 juin, deux records véritables, celui de l’abstention aux élections législatives, avec 39,5 % puis 40,1 % des inscrits. Soient 4 points de plus qu’en 2002, 6 de plus qu’en 1988, et 10 de plus qu’en 1981, où les législatives avaient également eu lieu aussitôt après le scrutin présidentiel.
    Et les gloseurs de gloser. Que signifie donc ce recul terrifiant qui, par rapport au second tour des présidentielles, concerne près d’un quart des inscrits ? Et les commentateurs autorisés de citer, pêle-mêle, la lassitude des Français, l’incompréhension face aux mécanismes institutionnels (il est vrai que la Ve République n’existe que depuis 49 ans), le fatalisme, etc. Autant d’arguments pour ne pas reconnaître leur erreur, pour ne pas avouer que ce qui s’est passé il y a quelques semaines n’avait pas le sens qu’ils lui prêtaient. Car ce flux et le reflux, ces records et contre-records, traduisent sans doute bien autre chose qu’un nouveau printemps, un renouveau ou une renaissance de la démocratie : il s’agit plus probablement d’une mutation profonde, d’un virage à 180°, qui manifeste l’émergence, en lieu et place du citoyen souverain popularisé par la mythologie républicaine, d’un citoyen consommateur, qui ne va voter que lorsque son intérêt égoïste est concerné (c’est-à-dire, lorsque l’enjeu est évident), mais qui s’en dispense quand il ne perçoit pas l’avantage personnel qu’il pourrait en tirer. Du pain sur la planche pour les Théoriciens de la Démocratie.

     
    Les Épées

     

  • N°22 - Editorial "Les élections contre la démocratie"

    Rarement les élections présidentielles ont proposé un plus triste spectacle. Tel est le mot en effet. Entre les shows télévisés, la frénésie communicante, les stratégies internes, les promesses impossibles et contradictoires, les citoyens qui s’apprêtent à voter en ignorant tout des idées politiques et des grands intérêts généraux de l’État et du monde, la démocratie présente d’elle-même une image tellement médiocre et imbécile qu’elle atteint au nauséabond.
    Dans cette agitation, l’on oublie une chose : le fait qu’une part essentielle du pouvoir ne s’exerce plus à Paris, mais à Bruxelles, à La Haye, dans les mailles complexes d’une eurocratie qui contribue à rendre plus dérisoires encore les enjeux de ces présidentielles. Qu’il s’agisse du pouvoir d’action de la France dans le monde, des restrictions budgétaires certes indispensables, et même de certaines idées institutionnelles carrément étrangères au droit français, on voit bien que la domination dite « européenne » limite et abaisse la souveraineté nationale que les élections doivent, paraît-il mettre en œuvre.
    medium_chirac.jpg Que l’on ne compte pas sur Les Épées pour donner des consignes de vote ! Chacun s’arrangera en votant pour le moins mauvais des candidats. En revanche, nos lecteurs pourront découvrir ici un ensemble d’analyses qu’ils ne trouveront pas ailleurs, sur l’évolution contemporaine des élections. On ne saurait en effet se contenter de défendre la présence au sommet de l’État d’un souverain qui ne devrait pas sa fonction au jeu puéril des concurrences, des vantardises et des escroqueries. Une telle hauteur serait bonne en soi, en apportant une sorte de digue à la bêtise électoraliste, et en garantissant une continuité de l’État au-delà de l’opinion. Seulement, l’organisation actuelle des élections permet-elle de garantir assez la représentativité politique ? Et que se passe-t-il ensuite, après l’élection, pour que s’incarne la décision politique que les urnes sont sensées mettre en place ?

     
    Les Épées