« La guerre des langues » dont parle le Roi David évoque les calomnies et les faux-témoignages. Pour nous, elle pourrait désigner aussi les formes de décomposition et de dépersonnalisation qui atteignent le langage dans le monde moderne : la syntaxe, les mots, le style. Dans les années trente, Victor Klemperer étudia la novlangue des nazis*, et en montra les conséquences désastreuses pour l’esprit et la culture. Un tel examen serait à prolonger à propos de la société contemporaine, puisque c’est sur le terreau démocratique que le totalitarisme s’est formé.
Le technicisme, la rhétorique publicitaire abîment l’âme et l’esprit. On le voit aussi en politique, où le sens du bien commun, les exigences de la vérité et les lois du dialogue sont si souvent avilis : ils mesurent l’extrême incertitude d’une campagne présidentielle où la séduction remplace la raison et fausse la parole. On le constate aussi dans l’usage courant du langage, où le plaisir et la noblesse sont moins sollicités que les automatismes de la société communicationnelle. L’ordre du langage reflète l’ordre du Politique, et actuellement, le langage est confisqué dans une chute libre : tel est le sujet de notre dossier. Mais les plaintes peuvent participer au mensonge, encadrer l’esprit démissionnaire ; c’est pourquoi nous voulons définir les conditions dans lesquelles le langage doit sortir de son commun avilissement. On pourra alors s’accorder avec Bossuet, Tocqueville ou Maurras, mais aussi avec les sommets de la littérature française : le langage a tout à souffrir de l’esprit démocratique, mais il a tout à retrouver y compris son sens populaire, dans les modèles monarchiques, royaume de France ou Royaume de Dieu.
Le technicisme, la rhétorique publicitaire abîment l’âme et l’esprit. On le voit aussi en politique, où le sens du bien commun, les exigences de la vérité et les lois du dialogue sont si souvent avilis : ils mesurent l’extrême incertitude d’une campagne présidentielle où la séduction remplace la raison et fausse la parole. On le constate aussi dans l’usage courant du langage, où le plaisir et la noblesse sont moins sollicités que les automatismes de la société communicationnelle. L’ordre du langage reflète l’ordre du Politique, et actuellement, le langage est confisqué dans une chute libre : tel est le sujet de notre dossier. Mais les plaintes peuvent participer au mensonge, encadrer l’esprit démissionnaire ; c’est pourquoi nous voulons définir les conditions dans lesquelles le langage doit sortir de son commun avilissement. On pourra alors s’accorder avec Bossuet, Tocqueville ou Maurras, mais aussi avec les sommets de la littérature française : le langage a tout à souffrir de l’esprit démocratique, mais il a tout à retrouver y compris son sens populaire, dans les modèles monarchiques, royaume de France ou Royaume de Dieu.
Les Épées
* Victor Klemperer : LTI, la langue du troisième Reich, Pocket, 1998.