Pour Littré, grand républicain devant l’Éternel, la définition du peuple ne fait aucune difficulté : « multitude d’hommes d’un même pays et vivant sous les mêmes lois ». Et gageons qu’il en va de même pour les auteurs du récent Dictionnaire critique de la République (Flammarion, 2002), qui ne daignent pas lui consacrer un article. Mais c’est là tout le problème : qu’est-ce que cette multitude ? Qu’est-ce qui la constitue, à part le fait d’être là, et d’être soumise aux mêmes lois ? Qu’est-ce qui la maintient en vie, ou en ordre ? Et si elle n’est que cela, ce qui n’est pas sûr, comment lui accorder sans hésitations le pouvoir souverain ? Comment éviter, en ce cas, que les plus habiles ne lui confisquent d’une main, ce qu’ils lui ont donnés de l’autre ? Enquête sur un point aveugle de la mythologie démocratique.