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les épées - Page 139

  • N°3 - Editorial "Géopolitique d'abord"

    Ce numéro est dédié au commandant Massoud

    La forme de sclérose et d'impuissance politique qui caractérise nos "élites" et une partie de la population tient non seulement à leur inculture politique et historique, mais aussi à leur ignorance du reste du monde. Les drames américains et afghans viennent soudain les réveiller, en leur rappelant qu'ils appartiennent à l'histoire, qu'aucune paix n'est due à aucun peuple, et qu'il faut beaucoup d'efforts et d'intelligence pour y parvenir. Encore les dangers qui traversent le monde doivent-ils être soigneusement interprétés. Tandis que la francophilie est plus répandue encore que la francophonie, des irresponsables n'en finissent pas de perdre les discours dans la diabolisation, le remords, l'esprit de guerre civile ; de ce pays, il font une bouche d'égout. La France a pourtant d'importants atouts pour exister politiquement sur chaque continent.

    Avec le courant de la nouvelle école de géopolitique (celle d'Aymeric Chauprade), nous sommes incités à découvrir une science maîtresse de la volonté politique. Or, là encore, ces outils de compréhension ne suffisent pas à la France si des volontés ne savent pas s'en servir, ou que les jeux électoraux les soumettent. Ce qui manque tout premièrement à notre pays, c'est une volonté incarnée et responsable, qui garantisse à la fois les personnes, les biens et les divers héritages qui donnent vie au creuset français. Et le royalisme est là pour s'imposer comme le vigilant ouvrier de cette volonté juste.

     
    Les Épées

  • N°3 - Les euro-régions au service de la politique allemande

    Par Pierre Hillard
    Pierre Hillard est l’auteur d’un ouvrage remarquable sur cette question : Minorités et régionalismes, Enquête sur le plan allemand qui va bouleverser l'Europe, préface de Paul-Marie Coûteaux, postface d'Edouard Husson, Éd. François-Xavier de Guibert, 2001.

    De nombreux articles de presse évoquent la disparition des frontières d'État dans le cadre de la construction européenne. Ce phénomène, présenté comme un événement heureux par tous les chroniqueurs officiels, recèle en vérité des arrière-pensées. En effet, la vie des hommes et des sociétés obéit à des critères qui reposent sur des intérêts, sur l'esprit de lucre, sur la loi du plus fort, le tout masqué sous les apparences de la "dignité humaine", du "respect des différences" et du "si tous les hommes de bonne volonté se donnaient la main, il n'y aurait plus de guerre" etc. Dès lors, les frontières représentent selon la terminologie officielle, d'affreuses barrières qui empêchent l'Homme d'exprimer vers l'autre ses envies de paix et de fraternité. Cela est encore plus vrai quand un seul et même groupe ethnique comme les Basques ou les Catalans est coupé en deux par une frontière d'État. Cette situation, au sein de l'Union européenne, s'estompe de plus en plus en raison du rôle prégnant de l'Allemagne.

    Des frontières ?
    En effet, un institut clef joue un rôle décisif dans la dissolution des frontières d'État, l'ARFE (l'Associa-tion des Régions Frontalières Européennes, en allemand AGEG, pour Arbeitsgemeinschaft Europäi-schen Grenzregionen, située à Gronau). Cet institut n'a d'européen que le nom. Fondé en 1971 et dirigé exclusivement par des Allemands (un de ses Présidents s'appelait Wolfgang Schäuble, ex-dauphin d'Helmut Kohl), cet organisme s'emploie à diffuser dans tout le corps européen un principe allemand : la reconnaissance de la frontière ethnique à la place de la frontière politique ou, en d'autres termes, du Limes. Afin d'arriver à ses fins, l'ARFE favorise l'émergence des euro-régions. Ces entités territoriales de quelques milliers de kilomètres carrés se situent de part et d'autre de la frontière de deux États. C'est le cas entre la Pologne et l'Allemagne (Pomerania, Spree-Neisse-Bober, Elbe-Labe...), ou encore entre la France et l'Espagne (Généralité de Catalogne, Navarre, Pays basque...). Ces euro-régions (au nombre de 56 pour l'année 1996) permettent officiellement une meilleure mobilité des hommes et des marchandises. Cependant, ces affirmations sont l'arbre qui cache la forêt. Comme le stipule avec netteté un paragraphe de la Charte de l'ARFE rédigée uniquement par des Allemands et appliquée à toute l'Europe : « L'objectif de l'action menée au sein des régions frontalières et le but poursuivi au travers de la coopération transfrontalière sont la suppression des obstacles et des facteurs de distorsion existant entre ces régions, ainsi que le dépassement de la frontière, tout au moins la réduction de son importance à une simple frontière administrative ». Il faut ajouter que le paragraphe suivant de cette Charte affirme en titre et avec une franchise sans égale les propos suivants : « Les régions frontalières et transfrontalières comme passerelle menant chez le voisin ».
    Ces objectifs hautement proclamés revêtent une importance inouïe. Jusqu'à ces dernières années, les frontières d'État figeaient d'une certaine manière le corps européen, mais leurs mutations en frontières administratives vont autoriser des ajustements territoriaux conformes aux intérêts d'un groupe ethnique.

    Le Rubixcube
    C'est, si l'on peut dire, la politique du "Rubixcube". Ce jeu qui repose sur un cube composé de petits carrés de diverses couleurs, a pour objectif d'ajuster en une seule et même couleur chacune de ses faces grâce à des possibilités de torsions, et cela dans tous les sens. L'Europe est cet immense Rubixcub qui autorise toutes « les torsions territoriales ».
    Mais ce pétrissage ne s'arrête pas là, car il s'associe à d'autres textes européens (en réalité tous allemands) : la Charte des langues régionales (résolution 192 (1988) du rapporteur allemand Herbet Kohn, la Convention-cadre pour la protection des minorités (sous l'égide du haut fonctionnaire au ministère de l'Intérieur de la République Fédérale d'Allemagne, Rolf Gossmann) et les Chartes de l'autonomie locale et de l'autonomie régionale (respectivement sous la férule de A. Galette pour son rapport Les institutions régionales en Europe et de Peter Rabe pour sa Recommandation 34 – 1997).

    Ethnies contre nations
    Les deux premiers documents accordent la reconnaissance complète des langues minoritaires (administration, éducation, justice, services financiers...) et la préservation de l'identité ethnique d'un groupe donné (voir par exemple l'article 5 de la Convention-cadre pour la protection des minorités...). Par ailleurs, la Charte des langues régionales dans son article 7 et la Convention-cadre pour la protection des minorités dans son article 17 stipulent que les frontières d'État ne doivent pas poser de problème si un groupe ethnique cherche à améliorer les échanges avec ses coreligionnaires vivant de l'autre côté du Limes.
    Il va de soi que la situation sera considérablement facilitée si entre-temps la frontière a perdu de sa valeur au profit d'une simple frontière administrative grâce au principe des euro-régions. Les frontières seront rendues encore plus floues par l'application de la Charte de l'autonomie régionale. Non contente d'accorder une indépendance complète des régions par rapport à l'autorité centrale, cette Charte autorise dans son article 16 des modifications de frontières... toutes les possibilités sont permises avec des frontières devenues administratives... Les deux entités territoriales basques – française et espagnole – pourront par exemple s'unifier et ce principe sera également valable ailleurs en Europe (Catalans de France et d'Espagne, etc.). Désormais, la "politique européenne du Rubixcub" prend les couleurs du made in Germany.

    Pierre Hillard

     
     
    Dossier : la géopolitique
     
    Les événements du 11 septembre ont rappelé au monde entier que nous n’entrons pas dans une ère de paix et de prospérité garantie par la bonne fois du sourire d’un démocrate-chrétien. Un vent de panique a soufflé sur les pays d’Occident. La question de notre sécurité est encore posée. Ce dossier, axé sur les relations France-États-Unis-Afghanistan, aborde la question du point de vue géopolitique. Quand les polices sont débordées, quand l’État a déserté...