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  • N°21 - Extraits d'articles

    Chapeau du dossier "Politesse"

    La politesse est-elle le masque hypocrite du vice, et donc l’instrument d’un pouvoir asservissant, ou le rempart portatif de ceux que la modernité épuisent ?
    On sent bien qu’elle n’est pas innocente mais au contraire grosse de pensées inavouées, de systèmes complexes, de subtilités statutaires qui dépassent largement la question du tutoiement.
    Avec Frédéric Rouvillois comme porte-lanterne, Les Épées explorent ce champ si particulier du lien social pour y découvrir la démocratie à l’œuvre : antipolitesse révolutionnaire, bienséance du langage, pièges de la “bonne franquette” à la Franklin et douceurs suries des manières survivantes de l’Ancien Régime, la politesse s’avère une fois encore un combat, la civilité une question de civilisation. On ne se refait pas.




     

    Chapeau du dossier "Maurras"
     
    Maurras ne pourra prendre la place qu’il mérite dans l’histoire tant que deux attitudes stériles feront perdurer sa malédiction : la patrimonialisation et la stigmatisation ; deux attitudes à l’égard de l’œuvre de Maurras qui suivent des intérêts divergents mais contribuent également à faire des faux Maurras… D’un côté, c’est un nazi totalitaire, un jacobin blanc, de l’autre un catholique traditionaliste. Dans les deux cas toutes les subtilités du personnage disparaissent. Il n’y a pas à condamner Maurras aux oubliettes de l’histoire, mais il n’y a pas non plus à en faire une icône vénérable où mirer avec autosuffisance et illusion la certitude « d’avoir raison ». La vraie tradition est critique et c’est la démarche de Maurras tout autant que ses idées qui doivent inspirer la réflexion : répondre jour après jour aux problèmes qui se posent en France, sans esprit de système, mais avec la volonté de défendre les libertés. À ce titre, le royalisme exige un détachement de Maurras parce que Maurras ne constitue pas tout le royalisme. Il a su restaurer l’idée monarchique en la rendant conforme aux aspirations et à la rationalité politique de son époque.
    Il a ainsi sauvé du naufrage la vieille idée royale, toute prête à se perdre en dévotion bigote aux cendres de Louis XVII et au Sacré Cœur « espoir et salut de la France » ; le royalisme risquait de devenir alors autre chose qu’une politique pour disparaître dans les sables d’un fidéisme malsain ou dans l’attente nihiliste d’un « miracle ».
    Au-delà du contenu de l’œuvre de Maurras, dont la pertinence est à réévaluer à chaque moment si on veut en faire un usage politique – pour ne pas tomber dans les vains slogans et perdre de vue le réel – il faut s’attacher à sa démarche d’élaboration d’une politique qui réponde aux enjeux du moment et sauver le royalisme du fossé. Aujourd’hui tout est à refaire ; trop souvent, les royalistes se désintéressent de la politique au nom de l’idée royale dont ils sont imbus et qu’ils préfèrent contempler plutôt qu’examiner le difficile problème du trou de la Sécu. Sous condition d’inventaire et de réinterprétation, l’œuvre de Maurras peut susciter un renouveau, susciter l’innovation et la réflexion politique.